Les pédiatres mettent en garde les parents contre l'utilisation de certains laits (chèvre, brebis, ânesse, soja, amande) pour les bébés. Ils sont potentiellement dangereux pour le bon développement des enfants.C'est un effet de mode qui horripile les pédiatres. Au point que le Syndicat français des aliments de l'enfance (SFAE) alerte sur les risques liés à la consommation de laits non adaptés aux jeunes enfants en France. Ils veulent que les parents prennent conscience des dangers auxquels ils exposent leurs bébés en leur donnant des laits de chèvre, de jument, d'amande ou de soja à la place des laits infantiles qui seuls répondent aux besoins spécifiques des moins de 3 ans. Le professeur Bertrand Chevallier, chef du pôle pédiatrie de l'hôpital Ambroise-Paré à Boulogne (Hauts-de-Seine), repère de plus en plus d'enfants victimes d'aberrations alimentaires. Citant des cas cliniques précis, il va jusqu'à parler de « maltraitance nutritionnelle » (lire ci-dessous), avec des risques de rachitisme, des enfants au trop petit périmètre crânien, ou souffrant de calculs rénaux…
« Jusqu'aux 6 mois de leur enfant, les parents suivent à peu près les conseils du médecin. Mais après, ils consultent moins et beaucoup n'en font qu'à leur tête, analyse le professeur Chevallier. Ils picorent les conseils de la copine, de la voisine, ou glanent des idées sur des forums Internet où l'on peut lire des choses délirantes! Par exemple, une maman qui raconte que depuis qu'elle donne du lait d'amande à son bébé, il a moins de coliques, et aussitôt dix mamans, lasses des pleurs du soir, suivent ce très mauvais conseil. »
Pourquoi les laits de chèvre et de brebis ne sont pas adaptés« Le lait de chèvre expose l'enfant à des carences en fer, en vitamines A, C, D, B9 et B12, et il contient trop de protéines », explique le pédiatre. Et le lait de brebis? « Il est beaucoup trop gras et riche en protéines. » Les bébés, d'ailleurs, ne semblent guère l'apprécier, et beaucoup repoussent leur biberon avec une moue dégoûtée… Le professeur Chevallier met en garde aussi contre le lait d'ânesse, proposé par certains éleveurs qui, explique-t-il, « ne présentent pas de garanties suffisantes en matière de contrôle infectieux ».
Pourquoi les jus végétaux sont nocifs« La composition des jus végétaux (NDLR : soja, amande) révèle d'emblée leurs points faibles : une grande pauvreté en calcium, voire un déficit total, une grande pauvreté en minéraux, en acides gras essentiels et en fer, une moindre richesse en protéines et en calories », assène le professeur Chevallier.
Il insiste aussi sur le fait que les protéines végétales sont de moins bonne qualité que les protéines animales. Et conclut ainsi : « Les jus végétaux exposent l'enfant à des carences et à des excès qui surchargent les reins. Leur utilisation chez les nourrissons peut retentir gravement sur leur santé. »
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L'Agence nationale de sécurité de l'alimentation (l'Anses) tire la sonnette d'alarme : le lait de soja, le lait d'amande, de riz ou tout autre lait végétal ne doivent pas être utilisés pour nourrir de très jeunes enfants. Tout comme les laits de brebis et de chèvre. Les conséquences sur la santé peuvent être très graves.
La mise en garde de l'Agence nationale de sécurité de l'alimentation (l'Anses) est sérieuse : les enfants de moins d'un an ne doivent pas être nourris "à titre exclusif ou même partiel", avec des boissons végétales (lait de soja, d'amande, de riz) ou des laits d'origine non-bovine.
Dans un communiqué rendu public ce jeudi, l'Anses évoque "plusieurs cas graves chez de très jeunes enfants ayant été partiellement ou totalement nourris avec des boissons autres que le lait maternel et ses substituts". L'agence a lancé une évaluation des risques liés à ces boissons, et pesant sur les enfants – de la naissance à un an. Ses conclusions sont sans appel :
Les laits de consommation courante, les laits végétaux, les laits de brebis ou de chèvres ne permettent pas de couvrir intégralement les besoins spécifiques des nourrissons.
"Le lait maternel est l'aliment de référence, adapté aux besoins du nourrisson, et que hors allaitement, seules les préparations pour nourrissons et préparations de suite (NDLR : les laits premier âge et deuxième âge) peuvent couvrir les besoins de l'enfant de moins de 1 an", écrit l'agence.
L'alimentation maternelle
En eux-mêmes, les laits végétaux ne sont pas "mauvais". Mais utilisé pour nourrir un petit enfant, leur danger est réel, note l'Anses : ils peuvent entraîner "un état de malnutrition", "des désordres métaboliques sévères", "des complications infectieuses" voire, dans les cas les plus extrêmes, "le décès de l'enfant".
Enfin l'Anses rappelle l'importance de l'alimentation maternelle, durant la grossesse et l’allaitement. Les mamans suivant un régime végétarien, ou vegan (pas de poisson, pas d’œufs... aucun produit d'origine animale) doivent recevoir un complément en vitamine B12. Présente dans les produits laitiers, la viande et le poisson, la vitamine B12 est essentielle pour le fonctionnement du cerveau et du système nerveux.
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