Les industriels ne cessent de développer du lait aux vertus diététiques : une stratégie marketing qui ne vise qu’à faire du chiffre d’affaire, comme le montre un très bon article de Rue89, intitulé "Comment Lactalis fait son beurre avec le lait pour enfants".
Depuis environ 15 ans déjà, le "lait de croissance" avait fait son apparition sur la marché, et toutes les nouvelles mamans, soucieuses de donner le meilleur à leur progéniture, en sont devenues des consommatrices assidues, d’autant que le personnel de santé en vantait les mérites. On peut d’ailleurs se demander quel est leur intérêt et surtout quelle est leur moralité…
Aujourd’hui, Lactel – la marque de Lactalis, troisième groupe laitier mondial – lance le lait "123 école" à grands renforts de communiqués et de dossiers de presse expliquant que "les enfants dès 3 ans vont pouvoir découvrir avec plaisir tout le bon goût du lait de vache, dans une formule adaptée à leurs besoins, en relais du lait de croissance." En gros, après l’allaitement maternel ou les biberons de lait en poudre, vous passez au "lait de croissance" jusqu’à 3 ans, puis au lait "123 école" après… A quel âge l’enfant va-t-il découvrir le vrai lait de vache, celui qui ne sent pas la vanille ?!
Et Lactalis de s’en mettre plein les poches puisqu’un litre de lait est vendu en moyenne 0,80 €, et qu’un litre d’123 école se vend 1,19 €…
Dans son Panorama des industries agroalimentaires 2008, le ministère de l’Alimentation, de l’agriculture et de la pêche expliquait : "En dix ans, les sommes dépensées par un ménage acheteur de lait UHT demi-écrémé sont passées de 57 à 54 euros par an. En revanche, les dépenses des ménages achetant du lait de croissance sont passées de 43 à 59 euros sur la même période."
Le magazine professionnel LSA confirme cette tendance en indiquant que "le "segment" lait de croissance est pratiquement le seul de l’alimentation infantile à avoir progressé dans les derniers mois, en valeur à défaut d’avoir progressé en volume (ce qui signifie qu’on n’en vend pas forcément plus, mais qu’on le vend plus cher, malin)".
C’est ça le marketing, ça peut être aussi immoral que les excès des traders en bourse ! Au moment de la crise du lait, on constate que la pub anti-lait fait beaucoup de torts aux producteurs…